Dans Le Curateur public et moi — Un déficit d’humanité, Alexandra Gilbert livre un témoignage percutant, avec rigueur et sensibilité, sur les angles morts du système de représentation légale au Québec.

Forte d’une longue expérience en développement international, l’autrice y partage surtout son vécu personnel: elle est tutrice de son père depuis vingt-cinq ans. Dans cet essai de 212 pages, publié à l’automne 2024 chez Écosociété, elle expose avec lucidité les dédales du système de représentation légale, en s’appuyant sur des exemples concrets et une analyse rigoureuse.

Alexandra Gilbert met en lumière l’incompréhension manifeste du Curateur public face à la réalité vécue par les représentants légaux. Au fil de ses rencontres, elle s’interroge sur cette entité gouvernementale, dénonce le manque de transparence (p. 73), critique la gestion et les coûts, remet en question les effets réels de la réforme de 2022 (p. 84 et s.), et donne la parole à d’autres proches confrontés aux mêmes frustrations (p. 111 et s.). Elle décrit aussi les impacts humains et financiers de la prise en charge de la vulnérabilité par le Curateur public (p. 143 et s.).

Elle illustre l’écart entre les attentes institutionnelles et les réalités vécues:

«D’un côté, le Curateur public insiste sur son rôle de surveillance, cafouille dans la transmission de l’information, entrave l’engagement humain par un poids administratif, et de l’autre, il souhaite une implication plus grande des proches. […] Mais on ne peut pas favoriser une plus grande implication des proches dans l’accompagnement d’une personne en situation de vulnérabilité tout en considérant ce même proche d’abord comme un fraudeur potentiel. […] En dissociant totalement l’humanité du rôle de représentant légal, en déployant des systèmes empreints de suspicion, en nous confinant à un rôle purement administratif, dénué de bienveillance, le Curateur public rate sa cible.» [p. 106-108]

Un livre essentiel pour les familles, les professionnels et tous ceux et celles qui souhaitent comprendre les limites d’un système trop souvent aveugle à ceux qu’il prétend aider.