Au cours des dernières semaines, j’ai eu le privilège de partager mes réflexions avec des conseillers qui assistent et accompagnent des personnes âgées ou en situation de vulnérabilité. Leurs préoccupations portaient principalement sur l’application de la Loi visant à lutter contre la maltraitance à l’égard des aînés et de personnes majeures en situation de vulnérabilité. Voici quelques-unes de ces réflexions que j’aimerais partager.

Tout d’abord, cette loi définit les notions de maltraitance et de personne adulte en situation de vulnérabilité.

MALTRAITANCE

«Il y a maltraitance quand une attitude, une parole, un geste ou un défaut d’action appropriée, singulier ou répétitif, se produit dans une relation avec une personne, une collectivité ou une organisation où il devrait y avoir de la confiance, et que cela cause, intentionnellement ou non, du tort ou de la détresse chez une personne adulte.»

PERSONNE MAJEURE EN SITUATION DE VULNÉRABILITÉ

«Une personne majeure dont la capacité de demander ou d’obtenir de l’aide est limitée temporairement ou de façon permanente, en raison notamment d’une contrainte, d’une maladie, d’une blessure ou d’un handicap, lesquels peuvent être d’ordre physique, cognitif ou psychologique, tels une déficience physique ou intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme.»

Certains aînés peuvent être considérés en situation de vulnérabilité, notamment ceux vivant avec un trouble neurocognitif majeur, une démence vasculaire ou la maladie d’Alzheimer. Ces personnes, en raison de pertes cognitives, ont souvent une capacité limitée à demander ou obtenir de l’aide.

Les définitions décrites dans la Loi sont larges. À titre d’exemple, une commissaire aux plaintes a jugé que le fait pour une accompagnatrice de taper sur la main d’une usagère en CHSLD pour l’empêcher de se brûler avec de l’eau bouillante était une forme de maltraitance.

En vigueur depuis 2017 et modifiée en 2022, cette Loi vise à contrer la maltraitance envers les personnes en situation de vulnérabilité et contraint les professionnels à signaler toute situation de maltraitance présumée. Cela suscite également des questionnements concernant le rôle des proches aidants et des bénévoles qui assistent ces personnes, car une dénonciation peut parfois entraîner des conséquences pour la personne vulnérable elle-même, comme la perte d’une présence bienveillante.

Les préoccupations des conseillers sont justifiées: il est essentiel de réfléchir à des options pour améliorer les services en amont aux personnes adultes, aînés ou en situation de vulnérabilité, et prévenir la maltraitance par l’éducation et la sensibilisation. La formation de base et continue sur les droits des personnes aînés ou en situation de vulnérabilité, l’enseignement de bonnes pratiques, la mise à jour ponctuelle de ces savoirs, et l’inspiration de modèles de respect de la dignité humaine sont essentiels.

En somme, investir dans l’éducation serait une avancée précieuse, car le problème persiste malgré les constats, rapports, recommandations, plans d’action et lois en vigueur. L’objectif de «Tolérance zéro» ne sera atteint que si l’on met en place des moyens concrets, notamment par une formation ciblée et claire sur les droits fondamentaux de ces personnes, dont le respect et la dignité doivent être assurés.

En terminant, je souhaite souligner que j’ai eu le privilège de présenter ces enjeux lors du Congrès de la Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer en octobre dernier, devant un public de professionnels et de proches aidants engagés dans la protection des personnes vivant avec des troubles neurocognitifs, et souvent âgées. J’ai été honorée de recevoir des retours très positifs, témoignant de l’intérêt et de l’engagement des participants. Selon les mots des organisateurs, ma conférence a su captiver et enrichir leur savoir collectif, et j’ai pu constater l’importance de cette thématique pour eux. Je remercie sincèrement les organisateurs pour leur accueil chaleureux et l’opportunité de contribuer à ces réflexions. Si ce sujet vous interpelle, n’hésitez pas à communiquer avec moi pour toute demande de conférence ou d’intervention.