Au cours des cinquante dernières années au Québec, les services de soins à domicile se sont développés accompagnant les réformes qui ont marqué le système de la santé et de services sociaux. Ainsi, on a assisté à la « réinsertion sociale » des personnes handicapées, la « désinstitutionalisation » en santé mentale, le « virage ambulatoire » et le « maintien à domicile » des personnes âgées en perte d’autonomie. Toutes ces appellations décrivent pourtant une même réalité: le passage graduel du mode de prise en charge traditionnel dans un établissement à un soutien dans le milieu de vie.

Ainsi, en 2003, le gouvernement du Québec, nouvellement élu, dépose sa Politique de soutien à domicile qui vient remplacer le Cadre de référence [1]. Il s’agit d’une pièce maîtresse, fondée sur la reconnaissance de l’engagement des proches aidants et des familles qui fournissent les trois quarts de l’aide aux personnes ayant une incapacité. On y décrit le regard qu’il faut porter sur les services à domicile : le passage du milieu de soins hospitaliers au milieu de vie naturel, les services visant une clientèle très large et les prévisions d’augmentation de la clientèle prévisible avec les années. La Politique précise qu’il ne s’agit pas d’un nouveau champ, mais plutôt d’une nouvelle manière de délivrer les services, plus efficacement, et qu’il faut les considérer comme interdépendants avec les autres services de santé offerts dans le réseau.

Cette Politique est avant tout fondée sur la reconnaissance de l’engagement important des proches aidants et des familles qui apportent leur soutien et leur aide aux personnes ayant une incapacité. Le Gouvernement a tout même précisé l’implantation de sa Politique de soutien à domicile [2] en 2004 alors que chacune des facettes de la délivrance des services est analysée. On y revoit la notion de domicile, d’évaluation des besoins de la clientèle, de coordination des services, de rôles et de responsabilités dans la délivrance des services de soutien aux proches aidants. Tout ça dans le but de faciliter la mise en œuvre de la Politique.

En bref, les intentions sont bonnes, mais le domaine des services à domicile demeure un grand défi pour le Gouvernement et nous sommes obligés de constater qu’en 2020, les proches aidants ne reçoivent toujours pas cette véritable reconnaissance du milieu de la santé. Pour preuve, face à la catastrophe annoncée de la COVID-19, ils ont été exclus rapidement des lieux d’hébergement et on leur a retiré le droit d’offrir des services à leurs proches, en milieux de soins de longue durée ou en résidence.


[1] Ministère de la Santé et des Services sociaux, Chez soi : le premier choix — La politique de soutien à domicile, 2003 (45 p.); http://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2002/02-704-01.pdf.

[2] Ministère de la Santé et des Services sociaux, Chez soi : le premier choix — Précisions pour favoriser l’implantation de la politique de soutien à domicile, 2004 (41 p.).