On en apprend un peu plus chaque jour sur la santé publique en cette période de pandémie. Les dirigeants peuvent dicter notre conduite journalière, le confinement peut être imposé, des contraventions peuvent être émises, et bien plus. Ces pouvoirs ont été introduits dans une loi adoptée au Québec en 2002. Bien qu’elle comporte des pouvoirs coercitifs, elle inclut surtout de grands axes et des principes de droit qui se fondent sur une perspective plus large que la seule protection de la population.

Avant de s’attarder au Québec, il importe d’expliquer les origines de la « santé publique » afin de comprendre les réactions face à la propagation des maladies infectieuses.

Quelles sont les origines de la santé publique?

On rapporte que les auteurs de la mythologie grecque faisaient une distinction entre la médecine curative et la prévention ou la promotion de la santé. L’histoire plus récente révèle que la République de Venise avait nommé en 1348 trois gardiens de la santé publique afin d’identifier et d’exclure des bateaux les passagers qui étaient atteints de pneumonie. En 1388, la Grande-Bretagne a adopté une première loi sur l’hygiène (abattoirs et qualité de l’air). En 1377, à Marseille, et en 1407 à Venise, les voyageurs infectés par la peste seront détenus pendant 40 jours afin de protéger la population contre la transmission. C’est alors que le concept de « quarantaine » est né.

Par la suite, l’essor de la santé publique dépend des informations disponibles, des systèmes de surveillance et de l’organisation des données qui prévalent. Ainsi, on relate l’existence d’un premier relevé des mortalités (bills of mortality) à Londres en 1532. John Graunt publie ensuite ses observations sur des relevés de mortalités en 1662. Au cours du 18e siècle, des médecins comme Johan Peter Frank suggéreront davantage de surveillance des populations, les méthodes préventives et curatives ayant peu d’effet.

En 1842, Edwin Chadwick suggère que les rassemblements et le manque d’hygiène dans les villes seraient la cause de maladies et de décès. Son action a mis en branle le mouvement d’hygiène sanitaire. Il a propulsé la société britannique vers la santé publique. En 1849, John Snow, le père de l’épidémiologie, publie son ouvrage « On the Mode of Communication of Cholera ». Son action a été déterminante dans le contrôle de la propagation des maladies.

Puis, en 1856, Louis Pasteur publie ses observations sur la théorie des germes, en déployant la pratique de la microbiologie. S’en est suivi la publication d’un postulat établissant un lien causal entre un microbe spécifique et une maladie par Koch, en 1867. La santé publique a recours à cette prémisse couramment.

Les développements au Canada

La santé publique au Canada se développe au cours du 19e siècle avec un intérêt marqué pour la quarantaine et l’immunisation, notamment contre la variole et le choléra. Des unités de santé publique naissent et des activités sont prises en charge, comme la pasteurisation du lait, l’isolement pour contrer la propagation de la tuberculose, la mise en place de sanatoriums, le contrôle des maladies transmises sexuellement. C’est à cette époque que les médecins et infirmières en santé publique développent des programmes d’immunisation. Ils seront perçus par certains comme une intrusion dans la vie familiale.

C’est la Première Guerre mondiale qui fera naître un intérêt pour la santé publique et permettra d’intégrer la médecine préventive dans la pratique clinique. Même après la Deuxième Guerre mondiale, très peu de médicaments seront disponibles pour contrer les maladies. L’insuline ne sera disponible qu’à partir de 1923. Viendra ensuite une période où les vaccins sont mis en marché par les compagnies pharmaceutiques : diphtérie, tétanos, puis le vaccin Salk contre la poliomyélite en 1956. On se souviendra peut-être de la découverte des vaccins qui est survenue à une époque pas si lointaine. Celui contre la coqueluche a été rendu disponible en 1966 (DCT), à une période où on expérimentait les premières tentatives de confinement!

Comme on peut le constater, le développement de la santé publique remonte à quelques décennies seulement. Son objectif premier était d’enrayer les maladies infectieuses et contagieuses afin de diminuer la mortalité et d’identifier les causes des maladies non contagieuses, comme les maladies cardiaques. Ainsi, la santé publique a amélioré la qualité de vie en général grâce à diverses actions qui visaient à réduire les conditions de vie précaires, à améliorer l’alimentation et à mettre en place des programmes de vaccination.

Si vous souhaitez en savoir plus sur la santé publique, lisez la deuxième partie de cet article, Maladies infectieuses et santé publique au Québec : Partie 2.