Depuis près de 40 ans, j’accompagne des personnes victimes d’erreurs médicales, d’agressions ou de situations bouleversantes, survenues dans leur vie ou celle d’un proche. Ensemble, nous cheminons jusqu’à la fin du mandat pour faire valoir leurs droits, que ce soit comme victime ou comme personne proche aidante.

Faire face à la mort d’un proche

Lorsque le mandat met en jeu la mort d’un proche, la douleur, la colère, l’incompréhension et le désir de vérité accompagnent généralement le client. De telles situations sont bouleversantes :

  • la mort d’un enfant majeur après l’administration d’une dose de médicament erronément prescrite lors de son hospitalisation;
  • celle d’un fils qui s’est enlevé la vie, faute d’avoir eu accès à un psychologue dans un délai raisonnable;
  • celle d’un frère atteint de schizophrénie, que le chirurgien a refusé de revoir après une réduction de fracture, malgré la détérioration de son état;
  • celle d’une épouse que le chirurgien n’a pas jugé bon de revoir après une thyroïdectomie, malgré la détresse respiratoire qu’elle exprimait verbalement;
  • celle d’un parent âgé hébergé dans un centre de soins de longue durée, décédé des suites d’un événement accidentel, telles une chute ou une agression par un résident.

J’ai pu mesurer l’immense tristesse de la perte d’un être cher pour mes clients, et l’importance que revêt notre rôle comme professionnel du droit dans l’accompagnement des familles endeuillées.

Lorsqu’une erreur médicale est fatale

Dans ma pratique, je rencontre des personnes conscientes d’avoir été victimes d’une erreur médicale grave, aux conséquences probablement fatales. Apprendre qu’un ou une cliente est décédée de complications liées à une intervention chirurgicale planifiée est toujours troublant. Certains cas marquants me viennent en mémoire:

  • diagnostic tardif d’un cancer du sein;
  • transfusion d’une unité de sang infecté;
  • hypertension artérielle pulmonaire découlant de la prise d’anorexigènes.

Ces expériences restent gravées dans ma mémoire. En avril dernier, un client est décédé de façon imprévue, ce qui m’a amenée à écrire ce texte et à réfléchir sur l’impact émotionnel de ces situations.

Les conflits familiaux et leurs effets destructeurs

Les litiges concernant la nomination d’un représentant légal peuvent parfois être très difficiles à supporter. Il en va ainsi des situations mettant en doute la décision d’une personne proche aidante — mandataire, époux, enfant — à l’égard de la personne concernée, en perte de capacité ou d’intégrité. Les pertes de capacités cognitives et physiques de la personne concernée génèrent de l’anxiété et de l’incompréhension. Les procédures judiciaires ravivent parfois de vieux reproches et perturbent la personne proche aidante.

Lorsque l’harmonie règne entre les personnes susceptibles de protéger et représenter la personne concernée, et de décider pour elle, et que les documents légaux comme le mandat de protection ou les directives médicales anticipées sont clairs, les litiges sont rares. À l’inverse, les désaccords entre celles-ci exigent souvent une consultation juridique. Celle-ci permet de valider l’approche du client et d’explorer les options possibles. Parfois, le litige se résout; d’autres fois, une intervention juridique est inévitable et on se retrouve devant le tribunal. Dans de rares cas, la personne proche aidante abandonne.

Une mort imprévue, un geste ultime

Épuisement, découragement… Il arrive que la seule issue envisagée par le client soit un geste fatal, une mort imprévue. Des drames de ce type surviennent, bien que rarement, dans ma pratique. Les procédures et démarches judiciaires créent parfois de grandes pressions. Mais plus encore, les conflits familiaux affectent le moral des personnes proches aidantes et sont lourds à porter pour elles. En posant un geste fatal, elles nous indiquent qu’elles se sentent incapables de supporter les nouvelles circonstances de leur vie.

J’en conclus qu’il est impossible de tout prévoir. Et qu’il faut continuer de rester à l’écoute, d’offrir un soutien adéquat aux proches aidants, et de respecter l’autonomie individuelle. Face à une situation difficile, il ne faut pas hésiter à consulter pour être accompagné dans ces moments éprouvants.