Le 15 avril dernier, la première Politique d’hébergement et de soins et services de longue durée (PHSSLD) a été déposée par la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants. Cette politique énonce les orientations qui s’appliqueront à tous les types de milieux de vie (centres d’hébergement et de soins de longue durée [CHSLD], ressources intermédiaires [RI], ressources de type familial [RTF], maisons des aînés et maisons alternatives) et les axes d’intervention pour toutes les clientèles susceptibles d’y résider. Cette première politique est issue d’une réflexion menée par des experts et des employés de ministères et d’organismes, à laquelle ont également contribué des personnes hébergées et leurs proches en faisant part de leur expérience personnelle.

Par sa politique, le gouvernement souhaite démontrer sa volonté « de proposer une vision et des principes directeurs soutenant le développement et l’implantation d’un continuum de ressources résidentielles novateur en matière d’hébergement. » Il entend développer un modèle permettant « aux milieux d’hébergement d’offrir un milieu de vie de qualité, sécuritaire, bientraitant et adapté aux besoins biopsychosociaux, socioculturels et spirituels des personnes. » Il vise de plus à « tout mettre en œuvre pour soutenir l’autodétermination et le mieux-être de la personne hébergée, en veillant au maintien ou au développement de ses capacités ainsi qu’à son intégration et à sa participation sociale. »

La politique présente des statistiques éclairantes recueillies avant et après la pandémie. Elle décrit les clientèles des milieux de vie, des personnes : âgées en perte d’autonomie, ayant une déficience ou un TSA, présentant un trouble mental, ou aux prises avec une dépendance ou en situation d’itinérance. Elle propose un changement de vision, soutenu par des principes directeurs bien connus : respect de la dignité, appui à l’autonomie, recherche du mieux-être, personnalisation des soins et promotion de la bientraitance.

La politique compte quatre axes d’intervention :

  • Axe 1 : la personne hébergée;
  • Axe 2 : les proches;
  • Axe 3 : les prestataires de services;
  • Axe 4 : le milieu de vie et de soins.

Une douzaine d’orientations bien articulées et convaincantes étayent la politique, sur près de 40 pages. On y retrouve à la fin un lexique utile. Un plan d’action doit suivre possiblement à l’automne.

La politique aborde aussi la question de gouvernance, ce qui est tout à fait logique puisqu’il revient aux directions de donner le ton, d’éveiller l’esprit et de montrer l’exemple dans les services fournis aux clientèles.

Depuis un an, des rapports accablants sur l’état des milieux de vie substituts et d’hébergement ont ponctué l’actualité (réf. janvier 2021). Une réforme de ces milieux de vie est essentielle. Elle aurait dû être entreprise il y a bien longtemps. Par sa politique, le gouvernement tente, avec raison, d’insuffler une attitude et des principes qui pourraient inciter des comportements respectueux des personnes qui vivent dans ces milieux de vie. Ce sont parfois les derniers milieux de vie, mais les personnes peuvent aussi y passer de nombreuses années significatives de leur vie.

Le temps était venu de pourvoir le Québec d’une politique nationale en la matière. Une part importante de la population réside dans ces milieux. Ceux-ci doivent s’adapter à la clientèle et non l’inverse. C’est pourquoi, plus récemment, la Loi visant à lutter contre la maltraitance envers les aînés et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité rendait obligatoire la dénonciation de situations de maltraitance par les personnes qui y travaillent.

Il s’agit d’un pas dans la bonne direction. Maintenant, il faudrait que le plus grand nombre de personnes gravitant autour de cette clientèle prenne connaissance de la politique et l’intègre à ses activités si nous souhaitons réellement mettre un frein à la maltraitance dans ces milieux de vie et à les améliorer.

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